Dans la parasha Bo, l’Eternel nous dit en 12/11 de l’Exode :
« Et ainsi vous le mangerez : vos reins ceinturés, vos chaussures aux pieds, et votre bâton à la main. Vous le mangerez en hâte, c’est le sacrifice pascal pour l’Eternel. Je passerai dans le pays d’Egypte cette nuit-là ; »
« C’est le sacrifice pascal pour l’Eternel. » Pessah hou (c’est un saut) ladonay (pour l’Eternel). Ce que nous mangeons pendant le seder, la façon dont nous le mangeons, ceinturés, chaussés, bâton à la main : cela, ce serait un saut pour l’Eternel ?!
Que nous dit Rachi ?
« Le sacrifice et appelé pessah d’après le saut et le fait de passer au-dessus, car le Saint Béni Soit-Il passait par-dessus les maisons d’Israël qui étaient entre les maisons des Egyptiens et sautait d’un Egyptien à un autre Egyptien, mais Israël qui était au milieu était indemne.
Quant à vous, accomplissez toutes Ses prescriptions pour le nom du Ciel, en passant par-dessus et en sautant en souvenir de Son Nom car il est appelé pessah (le saut), et aussi Pasche (Pâques en vieux français) signifie passer par-dessus. »
Les mots de Rachi en hébreu sont : – Hipazon (racine h – p – z) exprimant l’idée de hâte
- Pessah – le saut
- Diloug – passer par-dessus
- Qofets qui est
sauter aussi, mais avec une nuance en plus. Aqfets, de la même racine, en arabe c’est « bouge-toi ! fais vite, saute ! ». C’est l’idée d’un saut rapide.
Hipazon – pessah – diloug – qapats : Dans la hâte, fais un saut, un saut par-dessus, fais-le rapidement !
Ici l’on pourrait croire que cela incombe uniquement à l’Eternel. Pas pour Rachi qui, à partir de la parole de l’Eternel, fait un midrash, un midrash de chorégraphe ou de maître de danse :
« Quant à vous, accomplissez toutes Ses prescriptions pour le nom du Ciel, en passant par-dessus et en sautant en souvenir de Son Nom car il est appelé pessah, »
Ah ! C’est ça ! Au moment où l’Eternel fait un saut par-dessus nos maisons, le souhait du commentateur et de la Parole qu’il traduit serait que nous aussi nous sautions : « en passant par-dessus » (dérekh diloug) et « en sautant en souvenir de Son Nom (ougfitsah zékher lishmo).
Mais il s’agit que nous sautions par-dessus quoi ? Cela n’est pas précisé. La sortie d’Egypte serait ce « passer par-dessus » … nos étroitesses, nos limites, nos rancœurs … Il y a comme une possibilité de Kapara (pour recouvrir).
Mais il y a encore plus étonnant : Rachi rajoute « et en sautant en souvenir de son nom ». Et cela, qu’est-ce ? –C’est la joie, c’est la simha de pessah. Au moment où l’Eternel saute par-dessus nous (comme à saute-moutons, en prenant un appui prévenant et léger sur nous), nous faisons un saut : un saut comme ceux du grand danseur Nijinski qui atteignaient le ciel ; un saut dans l’Etre aussi, qui est alors un sursaut, une diastole du cœur dans la joie.
On saute, on bouge, on bondit de joie avec Celui qui dans son souci et son attention à nous libérer nous incite à l’imiter.
Cette dimension d’un saut ensemble sera reprise et ponctuée à la sortie de la mer des joncs par une femme, Myriam :
« Elle prit, Myriam, la prophétesse, la sœur d’Aaron, le tambourin dans sa main ; toutes les femmes sortiraient derrière elle avec des tambourins et des danses. » (Bechalah 19 / 21)
Moshe Matara