La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
II est des parfums frais (…)
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
(…) Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Le poète Baudelaire dans « Correspondances » chante les sens et les interprète. La réalité qui l’entoure est perçue à travers des sensations, traduites par des mots qui lus ou entendus éveillent d’autres sensations chez le lecteur. Les sens parlent aux sens, les sens donnent sens, la réalité sensorielle est source d’émerveillement et de spiritualité, elle offre sa lecture de la vie. Le corps dans ce qu’il a de plus sensuel discute dans un dialogue incessant avec l’esprit pour composer l’être humain.
Aux antipodes de cette conception, est celle du dialogue de Phédon où le philosophe nous explique que l’âme est prisonnière du corps et veut s’en libérer pour pouvoir penser librement. Le corps, selon lui, est un obstacle à la recherche de la vérité, il nous masque le réel, le monde supérieur des idées de l’intellect. Il écrit :
« …Tant que nous aurons le corps associé à la raison dans notre recherche et que notre âme sera contaminée par un tel mal, nous n’atteindrons jamais complètement ce que nous désirons et nous disons que l’objet de nos désirs c’est la vérité. Car le corps nous cause mille difficultés par la nécessité où nous sommes de le nourrir ;(…). Il nous remplit d’amours, de désirs, de craintes, de chimères de toute sorte, d’innombrables sottises si bien que, comme on dit, il nous ôte vraiment et réellement toute possibilité de penser. (…) même s’il nous laisse quelque loisir et que nous nous mettions à examiner quelque chose, il intervient sans cesse dans nos recherches, y jette le trouble et la confusion et nous paralyse au point qu’il nous rend incapables de discerner la vérité. Il nous est donc effectivement démontré que, si nous voulons jamais avoir une pure connaissance de quelque chose, il nous faut nous séparer de lui et regarder avec l’âme seule les choses en elles-mêmes ».
Cette philosophie platonicienne a été le fondement de la pensée occidentale qui a séparé radicalement le monde des idées du monde matériel en affirmant que le corps était la prison de l’âme, que rien de corporel ne pouvait être bon, qu’il fallait écarter les sens pour connaître la vraie vie, le monde spirituel. Que pense le judaïsme de cette dichotomie, de ce dualisme ? Faut-il faire taire le corps pour entendre la pensée, faut-il reléguer les sens à un monde inférieur où matérialité et impureté s’entrelacent dans les plaisirs de la chair ou bien faut-il chanter les sens avec le poète, leur donner une juste place dans le tableau de la vie ? L’âme et le corps sont-ils séparés dans le judaïsme et les cinq sens sont-ils à museler ou constituent-ils une grammaire de la vie spirituelle ?
ϖηηϕ απβκ οστϖ ηϖηυ οηηϕ ,ναβ υηπτχ ϕπηυ ϖνστϖ ιν ρπγ οστϖ ,τ οηϖκτ ωϖ ρμηηυ
« L’Eternel-Dieu façonna l’être humain, poussière détachée du sol, fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l’être humain devint ϖηηϕ απβ un être vivant ». C’est ainsi que nous est présentée la création de l’être humain dans le second récit de la Genèse (2 :7). Une première lecture de ce verset pourrait nous induire à penser que l’âme et le corps seraient des entités radicalement séparées et que la partie divine de l’être humain serait le souffle de vie οηηϕ ,ναβ tandis que le corps proviendrait de la terre, ce qui confirmerait la vision de Platon dans le Phédon. Mais l’interprétation biblique et rabbinique emprunte un autre chemin. Le mot ϖναβ qui plus tard sera associé à l’âme signifie en fait la respiration, le souffle. Ici, il désigne ce qui anime le corps et dans la pensée biblique, le corps n’est pas séparé de l’âme mais forme un tout, ϖηηϕ απβ un être vivant, une personne. La απβ mot aussi souvent traduit par âme, est ce qui anime les passions les plus sensorielles. Prenons l’exemple de la description du glouton dans les Proverbes : il est απβ κγχ possédant une απβ que l’on pourrait traduire un appétit à vivre. Ici le matériel et le spirituel sont loin d’être séparés, bien au contraire ils sont indissociables et forment un tandem constitutif de l’humain. Cette shoutafouth, cette association est encore davantage développée par les rabbins du talmud qui insistent sur l’harmonie de l’âme et du corps par cette métaphore : « De Même que le Saint béni soit-Il emplit le monde, ainsi l’âme ϖναβ emplit le corps. De même que le saint béni soit-Il voit mais ne peut être vu, ainsi la ϖναβ l’âme voit mais ne peut être vue (Berakhoth 10a) ». Si l’on rapproche cette citation de celle qui a pour sujet l’Omniprésence divine « Le monde n’est pas le lieu de Dieu mais Dieu est le lieu du monde », l’on s’aperçoit que le contenant et le contenu s’épousent et ne font qu’un. Le corps n’est pas l’enveloppe de l’âme, il est απβ l’humain. Il peut exister une partie visible et invisible mais l’intérieur devient l’extérieur et vice-versa comme lorsque le regard suit le nœud de Möbius. Le corps n’est pas le reflet distordu de l’âme, ni l’âme n’est esclave du corps ; ils se parlent et se répondent – jeu d’invisible et de visible, de silences et de mots qui constituent l’harmonie –ils déambulent ensemble.
La première fois où je fus animatrice aux Etats-Unis, je suivais une semaine de formation avec une centaine d’animateurs américains ; devant le lac La Belle dans le Wisconsin, j’écoutais ébahie les instructions « if you see your body drowning, call for help ! » que je traduisais par : « si vous voyez votre corps se noyer, appeler à l’aide » ou encore « never go out of the water without your body » « ne quittez jamais l’eau sans votre corps ». Après avoir écarté l’éventualité très peu probable que j’assistais à un exercice collectif de métempsychose où l’âme pouvait se détacher du corps, j’ai fini par me dire qu’un détail devait m’échapper. Je questionnai ma voisine qui prise d’un fou-rire irrépressible se fit réprimander par les instructeurs. Il ne s’agissait pas de « body » le corps, mais de « buddy » l’ami ! De manière générale, dans ce monde ci en tout cas, il est plutôt rare de se déplacer sans son corps ! Ainsi même s’il peut y avoir dualité dans la tradition juive, il n’y a pas d’opposition ni de raison – d’être contradictoires à l’âme et au corps. Tous deux sont des œuvres divines ; l’un n’est pas plus que l’autre source de mal ou de bien et l’être humain composé des deux doit prendre soin des deux. Le Traité sanhédrin (91a-b) met en scène l’Empereur Antonin qui tente de convaincre Rabbi Yehouda Hanassi que l’âme et le corps peuvent tous les deux échapper au jugement et rejeter la responsabilité d’une transgression sur l’autre puisque l’un sans l’autre sont sans vie. Rabbi Yehouda répond par une parabole : deux gardiens, l’un aveugle l’autre boiteux sont dans un verger. Ensemble, ils volent un fruit perché sur un arbre. Lorsque le propriétaire du verger les surprend, chacun d’eux prétend qu’il est innocent puisque incapable d’avoir commis seul le délit. Le propriétaire place le boiteux sur l’aveugle et les juge comme un seul homme. Ainsi, conclut le rabbin, le Saint béni soit-Il juge ensemble l’âme et le corps.
De nombreuses mitsvoth, commandements, ont trait au corps, comment en prendre soin, le vêtir, le nourrir, le laver et répondre aux désirs sexuels. Le shabbath, jour de délices, est d’ailleurs un jour particulièrement recommandé pour assouvir ce désir. Le Talmud nous enjoint d’habiter dans une ville où se trouve un médecin… la question ne se pose pas vraiment à Paris… Et Maimonide, même s’il est influencé par la philosophie aristotélicienne, n’en suit pas moins sa formation de médecin en consacrant une partie de son code le Mishné Torah aux soins dédiés au corps. Il écrit en guise d’introduction : « Hilkhote Dé’ot (IV) « Puisque c’est la volonté de Dieu que nous ayons un corps en bonne santé et fort, puisqu’il est impossible de connaître son Créateur lorsqu’on est malade, il est de notre devoir de s’éloigner de ce qui est destructeur pour le corps et on s’habituera aux choses qui aident à préserver sa santé ». Maimonide associe ici la santé et la spiritualité comme la langue hébraïque le fait –la racine τρχ désigne à la fois la création et la santé, tandis que la racine κυϕ associe la maladie et le profane. Lorsque le corps souffre, l’âme souffre également et fuit le spirituel. Une douleur ou un chagrin trop intenses tarissent la propension humaine à donner du sens. C’est pour cette raison que les rabbins nous disent de ne prier que lorsque notre âme est apaisée. Cette conception va à l’encontre d’une idée selon laquelle, ce serait dans la souffrance que l’on rencontrerait Dieu. Le corps en effet participe à l’élévation spirituelle. Non seulement nous devons en prendre soin, mais il est le médium de l’accession à la spiritualité : ϖυκτ ϖζϕτ ηραχνυ s’écrit Job, « A partir de ma chair, je percevrai Dieu »(19 :26). Le midrash raconte même par un jeu de mots que les vêtements d’Adam, le premier être humain, étaient faits de lumière ρυτ ησδχ avec un aleph τ et qu’ils sont devenus ρυγ ησδχ avec un aïn γ, vêtements de peau. C’est à nous de faire en sorte que ces vêtements de peau redeviennent vêtements de lumière en rendant à notre corps sa luminosité première. Il n’est pas ici question d’esthétique plastique mais de beauté intérieure qui rejaillie à l’extérieur. C’est peut-être ce que voulait dire Roland Barthes dans son « Fragments d’un discours amoureux » : « Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l’autre ». Ainsi l’idéal du judaïsme est que l’âme et le corps ne fassent qu’un, qu’ils s’habitent l’un l’autre, s’inspirant l’un de l’autre.
Le corps est par conséquent considéré comme une création merveilleuse témoignant de la sagesse divine comme le dit la bénédiction qui s’émerveille du fonctionnement de nos organes: « Baroukh Atta Adonaï, rofé khol-bassar ou mafli laâssot ,υαγκ τηκπνϖ ωωτχ (Ber. 60a). Béni sois-Tu, qui soigne toute chair et dont les créations sont des merveilles » . Promenons-nous au gré des cinq sens οηαυϕ ϖαηνϕ qui renvoient pour le poète à une unité mystérieuse du monde « les parfums, les couleurs et les sens se répondent ».
Shema γναϖ αυϕ , l’ouïe éveille au merveilleux – en une fraction de seconde et des milliers de fois par jour, les ondes mécaniques que nous percevons par des cils microscopiques sont reconnues comme des sons. L’écoute est au centre de la philosophie juive, le shema que nous répétons deux fois par jour en est un témoignage. Le mot oreille ozen signifie aussi l’équilibre, la sagesse juive a perçu que l’oreille était source d’équilibre physiquement et spirituellement. Notre équilibre est affecté par ce que nous entendons –l’écoute n’est jamais neutre- car une fois que nous avons eu vent d’une injustice nous ne pouvons rester indifférents. L’écoute est une exigence éthique ; nous pouvons entendre sans écouter, c’est sans doute le sens de l’ordre que Dieu souffle à l’oreille d’Abraham: « shema bekola écoute la voix de ta femme » ! Et puis l’écoute des sons dans la nature comme le dit le poète est une source d’expérience spirituelle. Le Baal shem tov expliquait que les oiseaux ont leur langage, si on les écoute bien, on finit par les comprendre. Un midrash dit même que chaque brin d’herbe entame une conversation –il suffit d’écouter parfois profondément ; nous avons perdu l’usage de cette écoute. L’écoute est liée à l’entendement, entendre le shofar est une obligation pour Rosh Hashana, parce que le cri de l’instrument éveille l’âme comme un appel à la réflexion « Le son du Shofar réveille et secoue les consciences » explique Saadia Gaon. La torah doit être lue, entendue, la meguila aussi; et nous savons combien notre mémoire des sons nous aide à nous souvenir : la musique juive est différente pour chaque fête. Le kol Nidrei est un exemple de musique dont nous nous rappelons même si nous en oublions le texte. Souvenons-nous de Franz Rosenzweig, qui avait décidé de se convertir au christianisme. Le jour de Yom Kippur de l’année 1913, il assiste au Kol Nidrei dans une petite synagogue de Berlin. Il lui arrive une expérience étonnante ce soir là et il écrit à un ami peu de temps après : « Je suis revenu sur ma décision. Elle ne me semble plus nécessaire, et étant ce que je suis, elle n’est plus possible. Je resterai juif ». Les notes ont raisonné au plus profond de son âme et lui ont rappelé son appartenance indéféctible au peuple d’Israël.
La vue ,υτρϖ αυϕ − Pekah einekha oureeh ouvre tes yeux et regarde (Isaïe 37 :17) Notre siècle est celui de l’image, des écrans, nos yeux sont sur-sollicités mais le judaïsme nous dit qu’il ne suffit pas de voir pour regarder, ou de regarder pour voir. La racine pakah signifie dessiller et Adam et Eve ont eu les yeux dessillés lorsqu’ils ont consommé le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. La responsabilité va de paire avec une juste vision. Nous savons que le cristallin inverse les rayons lumineux puis l’image est rétablie par le cerveau. Chaque image est interprétée automatiquement ; elle peut l’être spirituellement également. Lorsque nous disons velo tatourou aharei eineikhem, vous ne vous égarerez pas en suivant vos yeux, cela signifie que nos regards peuvent nous perdre. Nous pouvons nous laisser tromper par nos yeux au lieu de mieux voir, discerner, interpréter. Si physiquement nous voyions le monde à l’envers, c’est peut-être que consciemment nous devons le remettre à l’endroit. Ainsi nous ne devons pas absorber les images de manière passive mais toujours essayer de les lire, de les interpréter. Si la désinformation a fait des ravages, c’est que nous avons été trop naïfs en pensant qu’il faut voir pour croire et que l’image était toujours vraie. Le tekheleth, le fil bleu d’azur du Taleth, seul bleu au milieu du blanc nous invite à voir l’unique dans le multiple, à distinguer l’original dans le confus, percevoir le lumineux dans une cacophonie d’images.
ϕηρϖ αυϕ L’odorat et le goût ογψϖ αυϕ− « La senteur de tes parfums surpasse tous les aromates..tes lèvres O fiancée distillent la douceur du miel ; du miel et du lait coulent sous ta langue et le parfum de tes vêtements est comme l’odeur du Liban » chante le poète amoureux du Cantique des Cantiques. (4 :10) Les parfums et les goûts nous transportent, parfois ils nous rappellent des lieux, des expériences. C’est Marcel Proust qui le décrit le mieux avec les fameuses madeleines :
« Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle? Que signifiait-elle? Où l’appréhender? « (A la Recherche du temps perdu)
Proust décrit avec merveille le lien entre le goût et l’au-delà du goût, le sentiment de la joie qui accompagne les plaisirs gustatifs. Des parfums et des goûts sont liés à chaque fête juive. La hala du shabbath, la pomme, le miel, la grenade de Rosh hashana, la matsa de Pessah, les gâteaux sucrés de Pourim, les bessamim de la havdala qui sont un véritable trait d’union entre l’âme et le corps puisque les mystiques de Safed nous expliquaient qu’il fallait les respirer pour se consoler du départ de l’âme supplémentaire du shabbath. L’esprit et la respiration sont une seule et même chose : ϖναβ .
Quant au toucher avec cette peau et ses récepteurs qui répondent à la chaleur, au froid, à la pression ou à la douleur, à la matière – la main ση qui symbolise souvent le sens du toucher est à l’origine du mot συϖη juif, le louangeur. Le Juif est celui qui dit merci avec sa main. Le sens du toucher est très réglementé dans chaque civilisation. Pour se saluer, ici on se serre la main, là on s’embrasse, là encore on se donne une accolade. Les gestes ont leur signification différente d’une culture à une autre, d’un pays à l’autre, le clin d’œil peut-être complicité ou invitation, un simple geste de la main peut-être, une salutation, une question, ou une violence, un coup ou une caresse. La position et l’orientation de la main signifient une intention. Toutes les personnes qui travaillent avec leurs mains savent combien elles accomplissent des merveilles, du boulanger qui pétrit au sculpteur qui manie son outil, au chiropracteur qui soigne avec ses mains. L’amour, l’amitié, le soin passe au fil des doigts. Les sentiments sont exprimés par des gestes et lorsque les gestes manquent, l’être humain souffre. Dans la tradition la gestuelle exprime aussi des sentiments comme une métaphore ; la chorégraphie de la prière véhicule des idées de reconnaissance lorsque nous plions le genou, d’émerveillement lorsque nous faisons refléter la lumière de la bougie de la havdala sur nos ongles et remarquons l’ombre qu’elle créé lorsque nous replions la main. Le geste rituel non seulement exprime un sentiment mais l’induit. Couper et tremper la pomme dans le miel, le goût et la saveur, les chants qui accompagnent ces gestes participent à notre sensation et notre réalisation de la douceur du début de l’année. Les rites nous aident chaque année, chaque semaine, chaque jour, à faire revivre à notre être une expérience passée, expérience sensuelle et raisonnable et à la renouveler parce que chaque expérience est différente.
Selon le judaïsme le corps n’est donc pas la prison de l’âme comme le disait Platon. L’intellect n’est pas seul le lieu de l’élévation. Les sens sont les instruments de la perception, le langage de l’âme. Sens et conscience font l’essence de notre humanité, enoshout. Sans pour autant peut-être suivre à la lettre le conseil du poète qui clame : « Enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise », sans s’adonner à un hédonisme sans limite, un culte du corps, saisissons le merveilleux dans les sens, laissons parler notre spiritualité dans un cœur à corps avec le judaïsme et soyons des poètes de la vie.
Rabbin Pauline Bebe